jeudi 26 novembre 2015

Etoile morte - Ivan Zinberg



Auteur : Ivan Zinberg (FRA)
Titre : Etoile morte
Editions Critic
Parution : 2015


Deuxième thriller de l'auteur après Jeu d'ombres qui laissait entrevoir de belles promesses pour la suite - promesses en grande partie tenues pour ce roman, plus abouti et étoffé autour de l'intrigue pure, avec une qualité littéraire toujours au rendez-vous. Zinberg nous plonge dans les méandres glauques de la pornographie, en suivant la piste d'une tueuse en série remarquable d'ingéniosité.

Deux histoires se suivent en parallèle avec d'un côté un paparazzi qui enquête sur un viol collectif d'une présentatrice télé et de l'autre deux inspecteurs du LAPD ayant affaire à des meurtres d'hommes massacrés dans de macabres mises en scène sexuelles.

Zinberg critique violemment le monde de la pornographie, l'humiliation éprouvée par ces femmes prisonnières d'un système qui les contraint à y rester, celles-ci étant rejetées par le reste de la société. Il dénonce également les médias adeptes du sensationnel dépourvu de tout scrupules, et ceux qui véhiculent un climat volontiers anxiogène, histoire de renforcer la sécurité au détriment des libertés. Le paparazzi prend d'ailleurs conscience de l'artificialité de sa profession et se remet en question, songeant sérieusement à une reconversion.
On trouve d'autres thèmes abordés plus en filigrane dans le récit comme l'importance d'exercer sa fonction de policier dans les règles, droit dans ses bottes, en respectant les procédures (faut-il rappeler que l'auteur est lieutenant de police ?), le hacking vu sous un angle mélioratif, les médecines parallèles, le bouddhisme, etc. La psychologie des personnages est quant-à elle très fouillée, nous offrant une belle palette de personnalités, dont certaines se dévoilent au-delà du masque affiché en public, laissant éclater les plus bas instincts humains, primitifs. La violence y joue un rôle prépondérant, avec de nombreuses scènes éprouvantes.
Par ailleurs, on retrouve des caractéristiques de sa précédente oeuvre, à savoir l'art de manipuler le lecteur en le conduisant dans des fausses-pistes, et un malin plaisir à interroger la notion d'identité.


Etoile morte confirme le talent de ce jeune écrivain, doté d'un style très visuel, employant astucieusement des rebondissements pour étouffer dans l’œuf nos certitudes. Il ne s'en faut pas de grand chose pour que le roman soit parfait, à peine éraflé par quelques longueurs en deuxième moitié d'ouvrage. Rien de rédhibitoire, vous l'aurez compris, au contraire. Nous pensons surtout vu la progression constatée que ses plus belles lignes sont encore en devenir, c'est tout le mal qu'on lui souhaite. En attendant, vous pouvez foncer sur cette oeuvre qui figure assurément parmi les plus marquantes de l'année 2015.