dimanche 17 février 2013

La guerre des livres - Alain Grousset



Auteur : Alain Grousset (FRA)
Titre : La guerre des livres
Editions Folio junior
Parution : 2012 (2009 pour l'originale)


Ecrivain pour la jeunesse, Alain Grousset publie depuis plus d'une vingtaine d'années des romans de science-fiction et des nouvelles parues dans diverses revues. L'auteur aborde un sujet d'actualité avec la sauvegarde du livre en papier, à l'heure où le tout numérique nous envahit.


La BDM (Bibliothèque Du Monde) a été financée par un empereur, soucieux de préserver les livres physiques des planètes en guerre, car cet objet est en voie de disparition. Un jeune pilote de 17 ans se retrouve piégé sur une planète ennemie suite à l'attaque de son engin spatial. Il se dissimule dans un container qui est téléporté sur une autre planète. L'adolescent est pris sous son aile par le maître-conservateur de la bibliothèque, mais n'est pas dupe de l'origine du fugitif. C'est l'occasion de le familiariser avec les livres, un monde avec lequel il est totalement étranger, mais qui ne manque pas de le fasciner...

Cette course-poursuite se veut le côté divertissant de l'histoire, où règne l'action et les péripéties rocambolesques, et sert de cadre à quelques pistes de réflexion sur le monde du livre, afin de montrer aux jeunes générations l'importance de la conservation des livres papiers, qui ne peuvent se substituer entièrement aux livres numériques. Nous avons un rapport quasi sensuel avec l'objet, en touchant sa texture, on peut le sentir également, le feuilleter. 
Peut-être est-ce aussi une mise en garde sur le plaisir à outrance, véhiculées par les tablettes que l'on met entre les mains d'enfants de quatre ou cinq ans, où le jeu a une place primordiale, au détriment de la lecture en tant que telle, qui demande de la concentration, de la lenteur, de la répétition et du silence.
La place des anciens dans notre société diminue chaque jour un peu plus. A savoir que les personnes âgées, empreintes de sagesse et d'expérience que ne peuvent avoir les jeunes, sont dénigrées par ces derniers qui les considèrent pour des moins que rien, eux les vieux totalement dépassés par les nouvelles technologies. Grâce à Internet, ils pensent tout connaître puisqu'en un clic, ils peuvent avoir accès à pratiquement tout. Mais cette illusion du savoir joue un rôle néfaste sur leur mémoire individuelle et sur leur acquisition des connaissances. 
L'auteur fait par ailleurs un joli clin d'oeil à Borgès avec cette immense bibliothèque, infinie et labyrinthique.


"La guerre des livres" donne non seulement l'envie de lire des livres en papier, mais il met surtout en avant l'importance de la conservation du savoir sur des supports physiques à l'attention des générations futures, au risque de perdre une partie du patrimoine de l'humanité. Une lecture salutaire, en somme !





vendredi 1 février 2013

Sécheresse - James G. Ballard


Auteur : J.G. Ballard (ANG)
Titre : Sécheresse
Editions Folio s-f
Parution : 2011 (VO, 1964)


Sorti en 1964, le roman "Sécheresse" de James Graham Ballard fait parti du cycle apocalyptique débuté avec "Le monde englouti" et "Le vent de nulle part", tous deux publiés en 1962, qui se conclut en 1966 avec "La forêt de cristal".


La pollution engendrée par l'industrie humaine a abouti à une fine couche sur la surface des océans, empêchant l'évaporation de l'eau. Les fleuves s'assèchent peu à peu tandis que des dunes de sable et des colonnes de poussière prennent possession du terrain. Le docteur Ransom attend sereinement la fin du monde, cependant la raréfaction de l'eau le contraint à quitter sa péniche, accompagné d'une femme et d'un homme. Pour eux, le début de l'errance commence...

Si la majorité des gens tentent de gagner les côtes en raison de la pénurie d'eau, les trois personnes que nous suivont semblent résignées. Elles n'ont aucun sursaut devant la mort qui rôde, et ne sont pas plus résolues à prendre les armes dans une optique de guerre pour cette ressource vitale qu'est l'eau. Ce "déambulement" d'une profonde lenteur nous renvoie à la stagnation temporelle d'une part et d'autre part à leur comportement apathique, car ceux-ci ont accepté leur sort, et sont en paix avec leur "paysage intérieur". Ce manque évident d'action procure d'ailleurs quelques fois une source d'ennui pour le lecteur, mais la brièveté du roman ne le laisse pas s'installer.


Sans être un grand roman, "Sécheresse" mérite qu'on s'y arrête pour son côté prophétique, son approche  intéressante de la notion du temps, ainsi que pour l'appréhension divergente que peuvent avoir les humains face à un bouleversement climatique majeur.