mercredi 27 juillet 2011

La ballade de Halo Jones - A. Moore & I. Gibson

Titre : La ballade de Halo Jones
Scénariste : Alan Moore
Dessinateur : Ian Gibson
Editions Soleil
Parution : 2011 (VO entre 1984 et 1986)

Initialement, cette série devait se dérouler sur neuf tomes. Mais en raison de divergences avec l'éditeur, la série se stoppa au troisième. En France, seul le premier tome fut traduit. Cette édition offre donc au lecteur la possibilité de découvrir une oeuvre qui, bien que n'ayant pas l'envergure des bijoux que sont Watchmen, From Hell, V pour Vendetta ou encore Promethea, mérite largement le détour, ne serait-ce que pour le génie du scénariste.


"LES FIGUES NE PORTENT PAS DE BOUCLES D'OREILLE".


Au 50ème siècle après J-C, une communauté vit dans un monde clos, l'Anneau, dans lequel les riches sont séparés des pauvres. Pour ces derniers, le quotidien rime avec misère sociale et émeutes. Pour faire du shopping, c'est un véritable parcours du combattant. Le chômage y est aussi très élevé. Un monde sans avenir. Des armes étranges sont utilisées (zénades, multiglobes hurlants, pistolakrik...) et les policiers, nommés "renifleurs", sont des anciens criminels lobotomisés.
Halo Jones erre dans ce lieu avec ses amis, accompagné d'un chien cybernétique. Le meurtre d'une amie va la décider à quitter définitivement l'Anneau, attirée par sa soif d'évasion. C'est le début d'aventures et de vicissitudes sur des planètes diverses où elle rencontre des extra-terrestres, enchaînant plusieurs jobs, jusqu'à son engagement dans l'armée...


Le dessin de Ian Gibson se marie parfaitement au scénario de Moore, pour un résultat convainquant. Il ravira les amateurs tout autant que les profanes. De plus, cette série fut la première bd féministe de science-fiction. A noter la présence importante de coquilles qui gâche le plaisir de lecture, c'est bien dommage. Après la réédition de "Dr & Quinch" et des inédits issues du magazine "2000 AD", on attend la suite des événements avec une certaine impatience. Qui sait, peut-être aurons nous droit enfin à sa série réputée intraduisible "The bojeffries saga" ? Wait & see, as we say...

dimanche 24 juillet 2011

Daemone - Thomas Day

Auteur : Thomas Day (FRA)
Titre : Daemone
Editions du Bélial
Parution : 2011

Version retravaillée et augmentée du livre "Les cinq contrats de Daemone Eraser" parue dix ans plus tôt, "Daemone" nous propose un mélange d'action, d'exotisme, de sexe, avec une fin qui prend une tournure plus réflexive, contrebalançant ainsi avec le côté pur divertissement mis en avant.

Gladiateur de haute renommée, Daemone ["le démon revenu d'entre les morts"] poursuit ses combats, bien qu'il soit mort. En effet, une copie informatique de son esprit a été inséré dans un corps de synthèse. Cette solution lui permet d'obtenir une seconde chance. Mais son quotidien lui pèse, en raison du coma de sa compagne. Un Alèphe, insecte géant Guerrier du temps, lui propose un contrat : éliminer cinq personnes qui nuisent à l'Equilibre. Sa récompense ? Pouvoir (re)vivre avec sa femme. Car la puissance des Alèphes peut "offrir ce que nul autre peut offrir"...

Ce roman se dévore d'une traite, avec beaucoup de plaisir. Alors, certes, nous pourrions reprocher à ce contrat sa propre limite (on se doute bien que le personnage ne va pas mourir au cours du deuxième) mais là n'est pas l'essentiel. Le dépaysement, les combats, la description des scènes sont entraînants et forts réussis. La dernière partie prend une dimension plus profonde sur la notion de l'Amour, et renvoie aux interrogations morales du gladiateur sur l'acte de tuer des humains, se mettant ainsi hors la loi par égoïsme (retrouver sa chère et tendre). Le dénouement habile conclut brillamment l'entreprise. Idéal pour passer un bon moment.

jeudi 21 juillet 2011

L'enfant des cimetières - Sire Cédric

Auteur : Sire Cédric (FRA)
Titre : L'enfant des cimetières
Editions le Pré aux clercs
Parution : 2009

Pour son premier roman, "L'enfant des cimetières", Sire Cédric a obtenu le prix Masterton. En plus de ce dernier, en parcourant le livre, on pense notamment à Stephen King et à David Lynch (qu'il cite dès le début).
Un essai qui le plaça d'emblée dans les auteurs à suivre de près.

David Ormeval, photographe pour un journal assez minable, se rend avec sa collègue sur une scène de crime macabre. En effet, François Mendez, un père de famille sans histoires, massacre sa femme et ses deux enfants avant de mettre fin à ses jours. Il semblerait que son état se soit considérablement dégradé depuis qu'il "aurait" vu l'enfant des cimetières : une légende urbaine selon laquelle un adolescent, maltraité par sa famille adoptive, s'est retourné contre elle en poignardant durant leur sommeil le père et la mère, avant de les dévorer. Ce spectre rôderait dans et autour du cimetière. Quiconque croise son regard lui offre la possibilité de s'immiscer par les yeux dans votre esprit. Ensuite il le contrôle et "envoie" des images horrifiques qui conduisent à la folie puis au suicide. Tout cela s'avère fort sympathique. La petite amie du photographe va se faire assassinée par l'enfant et par des ombres qu'il dirige pour se masquer pendant ses déplacements et surtout pour scarifier et mutiler la chair de ses victimes. David s'engage avec son amie et collègue journaliste à la recherche de cet enfant qui, bien que mort depuis trois ans selon le dossier,  se porte plutôt bien, puisqu'il apparaît dans une zone d'ombre sur une photo prise sur le lien du crime des Mendez. Mais en agissant de la sorte, ils vont aller tout droit dans la gueule du loup...


Ce thriller surnaturel terrifiant vous glacera le sang. Dans une ambiance électrique et survitaminée, le lecteur frissonne de bout en bout, via une plume incisive et viscérale. Les seuls reproches que l'on peut exprimer, somme toutes mineurs, concernent le spiritisme et l'ésotérisme un brin fumeux ainsi qu'une fin légèrement décevante. Les personnages sont quant-à eux parfaitement crédibles, humains avec leurs qualités et leurs faiblesses. Gore, sanguinolent, cauchemardesque, "L'enfant des cimetières" frappe un grand coup. Et ça fait du bien !

jeudi 14 juillet 2011

Psychogéographie - Merlin Coverley

Auteur : Merlin Coverley (ANG)
Titre : Psychogéographie
Paru aux Moutons électriques en 2011

Libraire et auteur de plusieurs ouvrages sur Londres, l'anglais Merlin Coverley publie cet essai sur la psychogéographie, augmenté sous la direction de A-F Ruaud. L'ouvrage, dotées d'une superbe couverture et de photographies, se parcoure avec délectation, tout en apportant un bel éclairage sur ce terme, à travers une sélection d'oeuvres non exhaustives.


Le terme "psychogéographie" s'origine au Paris des années 50 et au mouvement lettriste (créé en 1945 par Isidore Isou. Dit rapidement, il se concentre sur la musicalité et la poétique des mots). La psychogéographie est "un moyen d'explorer l'impact de l'espace urbain sur le comportement" des individus. En effet, la marche urbaine est devenue dans les cités de plus en plus hostiles aux piétons, privilégiant la voiture, le bus ou le tramway. En ce sens, l'acte de marcher s'associe, nous dit l'auteur, avec l'idée de la contestation de l'autorité, le promeneur pouvant s'aventurer dans les zones marginales ou oubliées.

Le premier écrivain à faire de la psychogéographie se nomme Daniel Defoe, auteur du célèbre "Robinson Crusoé". Le nom de Robinson sera d'ailleurs repris à plusieurs reprises dans la littérature. Quant au "parrain" de ce terme, il s'agit de William Blake dont la ville londonienne imprègne son oeuvre : "La transformation du décor familier de son époque en l'image transcendante d'une cité éternelle".

L'ouvrage aborde par la suite, entre autres, le surréalisme via André Breton et Aragon ; les poètes tels Fargue, Robert Giraud, Jacques Réda ou encore Yonnet ; les situationnistes Debord et Vaneigem ; la science-fiction avec le grand J.G. Ballard pour sa trilogie de béton, Fritz Leiber, John Brunner, mais aussi trois auteures non traduites que sont Pat Murphy (The city, not long after), Michaela Roessner (Vanishing point) et Lisa Goldstein (A mask for the general). En littérature, on retiendra l'énigmatique "Voyage autour de ma chambre" de Xavier de Maistre (que je me suis empressé d'acquérir) et le labyrinthique "London orbital" de Iain Sinclair (qu'il faudra que je lise avant de mourir).


En refermant ce livre, on ressort avec une envie folle de marcher, de flâner, d'errer, de robinsonner. Pour reprendre les propos de Thierry Davila, "la  marche est une avancée vers l'inconnu, l'inexpérimenté, l'inhabité ; la marche suit le cours de l'expérience." D'autres lectures viennent s'ajouter également, attisées par la curiosité et le désir de lire d'un point de vue nécessairement... psychogéographique. En somme, une réussite !

lundi 11 juillet 2011

Enquêtes de Solar Pons - August Derleth

Auteur : August Derleth (USA)
Titre : Enquêtes de Solar Pons
Editions Les Moutons électriques, 2011
Parution des nouvelles entre 1951 et 1965


August Derleth (1909-1971), écrivain, éditeur et anthologiste américain, entretint une correspondance de douze ans avec Lovecraft. En plus de devenir son éditeur, il prolongea l'oeuvre du Maître et termina ses histoires inachevées après sa mort. Dans ce recueil de sept nouvelles, l'auteur se consacre au polar, avec l'enquêteur Solar Pons (créé en hommage à Sherlock Holmes) suite au refus de Conan Doyle de poursuivre les aventures de son célèbre détective.


L'enquêteur Solar Pons vit dans le quartier de Praed Street à Londres. Célibataire endurci, il résout les affaires criminelles en compagnie du docteur Parker, un ami de longue date. La personnalité du détective se veut un brin machiste, astucieuse, et un poil arrogante à l'égard de son assistant. En effet, il le laisse s'agacer de ne pas avoir d'explications des crimes avant de passer à la démonstration du déroulement des évènements. Les textes sont très variables (un ver qui rend fou avant de provoquer la mort ; une enquête autour d'un marin ; des mystérieux vols de chapeaux melons ; trois femmes assassinées dans un cottage ; etc.) et bien ficelés. On regrette cependant de ne pouvoir s'immiscer davantage dans ces histoires (et pour cause), ceci n'entachant en rien le plaisir de la lecture. De plus, cette réédition prend une tournure patrimoniale, puisque les nouvelles sélectionnées s'avéraient introuvables.

dimanche 10 juillet 2011

Johannes Cabal le nécromancien - Jonathan Howard

Auteur : Johannes Cabal (Angleterre)
Titre : Johannes Cabal le nécromancien
Editions Eclipse
Parution : 2011 (VO, 2010)

Depuis le début des années 90, Jonathan Howard travaille dans l'industrie des jeux vidéo pour laquelle il est scénariste. Son premier roman, au titre résolument lovecraftien, risque fort de ne pas marquer votre esprit, en dépit d'une magnifique couverture et d'un bel objet.


Un scientifique, Johannes Cabal, a vendu son âme au diable pour bénéficier des connaissances de la nécromancie. Désireux de la récupérer, il se rend en enfer pour pactiser avec Satan : si l'homme ramène 100 âmes en une année (jusqu'à la prochaine nuit de Walpurgis, un clin d'oeil au passage au grand Gustav Meyrink), le contrat sera valide. Pour se faire, Cabal embauche des morts ressuscités et son frère, qui n'est autre qu'un vampire, dans un cirque itinérant afin d'alpaguer les âmes d'innocentes victimes...


L'intrigue se met beaucoup trop lentement en place, les personnages ne sont ni attachants ni repoussants, il ne se passe rien. On tourne les pages avec frilosité, espérant que le récit prenne enfin son envol. Peine perdue. L'écriture se veut quant à elle quelconque, certains passages se voulant humoristiques tombent à plat. Afin de vous faire économiser de l'argent et/ou du temps, suivez mon conseil : passer votre chemin. A moins que vous ne préfériez en juger par vous-même.