mercredi 8 juin 2011

Aztechs - Lucius Shepard

Auteur : Lucius Shepard
Titre : Aztechs
Paru en 2006 aux éditions du Bélial

Des commentaires élogieux à propos de l’œuvre de Shepard m’ont incité à faire connaissance avec sa plume. Grand bien m’en a pris. Ce recueil comprend six textes parus entre 1999 et 2003.


Aztechs

El rayo, la fameuse frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, est la zone géographique de ce premier texte. On y parle émigration forcément. Des organisations criminelles mexicaines sont en guerre pendant que des I.A signent des contrats avec des multinationales de par le monde. Eddie, à la tête d’une agence de sécurité, engage un garde du corps pour protéger un représentant Aztechs lors d’une négociation. Le garde du corps, qui n’a plus que l’apparence d’un humain, l’a manipulé. Quelles sont ses ambitions ?

Un bon texte, suffisamment flou pour désorienter le lecteur et maintenir le suspense de bout en bout.


La présence

Peut-être le moins bon texte, bien que je l’ai trouvé très émouvant. 
Un homme travaille dans le Ground zéro – les décombres de l’attentat du 11 septembre. Tous les jours il se rend avec ses deux collègues dans un bar pour la pause du midi. Là il fera la connaissance d’une femme qui y est présente quotidiennement.

Les deux personnages expriment leur mal-être, se questionnent sur leur propre existence (ou plutôt devraient-on dire leur non existence), dans une relation ambiguë. Fatalisme ? Absurdité de la vie ? Besoin de se raccrocher à du concret ? L’auteur s’appuie sur les affects tout en subtilité à défaut d’une idée originale. Possible que cette nouvelle en indiffère quelques uns.


Le dernier testament

Au XXème siècle, David se voit habité par une âme, et pas n’import laquelle. Celle du poète François Villon. Des personnes de l’entourage de David sont elles aussi atteintes par des âmes proches du poète. Une certaine Amorise affirme que c’est elle qui les a fait ressurgir du XVème siècle pour un rituel destiné à assurer leur continuation. David met la main sur un ouvrage d’occultisme de Novallis qui aborde la Renaissance et l’accomplissement d’un Acte Sublime. David est sensé écrire le Texte.

Encore un récit intéressant basé sur la magie et l’ésotérisme avec une fin qui laisse planer le doute.


Ariel


Dick Cyrus, professeur d’histoire dans une université du Michigan, émet l’hypothèse selon laquelle il existe des univers anthropiques. Ce pourrait être le cas de la femme qui a fait explosé le laboratoire de son ami Rahul Osauri, le tuant ainsi que ses collaborateurs. Selon lui, ces êtres ont, en arrivant dans un autre univers, une altération de leur structure biologique ( ils dégagent une odeur nauséabonde, sont très grands et athlétiques et ont de grands doigts) qui tend progressivement à se normaliser (redevenir humain) avec le temps. Dick part à la recherche de la femme-Saule, afin d’éclairer sa lanterne.

Du très bon encore une fois, avec une intrigue aux rebondissements multiples.


Le rocher aux crocodiles

Michael qui vit en Côte d’Ivoire, est appelé par un collègue de longue date en République démocratique du Congo pour étudier un suspect pour le moins inquiétant, voire fascinant. Des habitants ont aperçus des hybrides hommes-crocodiles tuer et dévorer des humains. Ce qui tombe bien puisque Michael est un spécialiste des reptiles. Les criminels - revenus à leur état normal – sont appréhendés. Ils nient tous en bloc sauf un. Michael n’est pas pleinement convaincu d’avoir affaire à un charlatan. 

Sorcellerie ? Envoûtement ? Vaste supercherie ? Un texte angoissant qui confine avec la folie.


L’éternité et après

Dans une boîte de nuit tenue par la mafia à Moscou, Chemayev projette de s’exiler aux Etats-Unis avec une prostituée de la maison. Mais auparavant il doit rencontrer le boss, un certain Iouri Lebedev, que très peu de personnes ont vu. 

Univers fantasmagorique, hallucinations, manipulations, un texte d’une grande force qui marque les esprits.



A noter que ce recueil riche et diversifié a obtenu le grand prix de l’imaginaire 2007. Une récompense amplement méritée. 

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